« Les régimes de retraites ne fonctionnent plus »

Le président de l’Association française d’épargne et de retraite est en visite sur l’île. En plein débat sur la réforme du système, Gérard Beckerman soutient le recul de l’âge de départ et fait l’apologie des assurances-vie.

Gérard Bekerman, qu’allez-vous dire à vos adhérents réunis ce soir en assemblée régionale ?

« Nous sommes dans une situation économique sans antécédent. Je viens donc pour prêcher la bonne parole. Pour leur expliquer les voies possibles pour en sortir.

Et quelles sont-elles selon vous ?

Il y a deux solutions. Celle qui n’est pas bonne, c’est-à-dire celle qui consisterait à augmenter les impôts. Il y a des seuils à ne pas dépasser, c’est une question de dignité. Et celle qui est bonne, c’est-à-dire la croissance. On a aujourd’hui des indicateurs qui redonnent confiance. Nous ne sommes plus en récession et nous aurons 2% de croissance en 2011. Or on sait qu’1 point de croissance rapporte 35 milliards d’euros à l’État. Je viens donc dire que notre salut viendra de la croissance.

Avec 738 000 adhérents, dont près de 5 000 sur l’île, vous représentez la retraite par capitalisation. Est-ce le moment d’en faire la promotion alors que des millions de Français manifestent pour la retraite par répartition ?

Le taux d’épargne actuellement est de 16,2%. C’est très élevé, pourquoi ? Parce que nous sommes dans un climat d’inquiétude. Les gens mettent de côté parce qu’ils sont inquiets et parce qu’ils doutent de l’efficacité des régimes de retraites par répartition. Ces régimes ne fonctionnent plus, ils ne répartissent plus comme il le faut. Il faut donc les compléter par la capitalisation. Et en particulier par l’assurance-vie. Il existe en France 12 millions de contrats susceptibles de profiter à 30 millions de Français.

Néanmoins, le système par capitalisation a montré ses limites avec la crise financière et de très nombreux retraités américains ruinés par exemple. Faut-il vraiment supprimer la répartition ?

Le système par répartition est un socle fondamental, indispensable, il faut simplement le compléter. C’est vrai qu’on a vu des systèmes par capitalisation qui ont ruiné des épargnants mais un tel ris-que n’est pas possible en France. Tout simplement parce que nous avons tourné le dos aux fonds de pension. L’assurance-vie s’est substituée à eux. Il n’y a pas de spéculation dans nos assurances-vie. C’est une gestion en bon père de famille.

Un point de vue sur la réforme des retraites en cours ?

Il faut l’aménager, notamment sur la pénibilité etc… Mais elle est incontournable du point de vue démographique. C’est une nécessité civique.

Interview réalisée le 15/10/2010 par Romain Latournerie pour Le Journal de l’Ile