Assurance-vie, le produit chouchou des Français

Assurance vie, le produit chouchou des Français

 Quatre questions à Gérard Bekerman, président de l’Afer

N. O. – Pourquoi l’assurance-vie a-t-elle un tel succès?

Gérard Bekerman.– Aujourd’hui, avec 1 300 milliards, l’assurance-vie représente en effet plus du tiers du patrimoine financier des ménages. 15 millions de personnes détiennent aujourd’hui un contrat d’assurance-vie. Avec les bénéficiaires désignés, cela concerne 30 millions de Français. L’atout de l’assurance-vie est sa simplicité. Car l’Afer, il y a trente-cinq ans, en a assaini le modèle à l’époque, le « marché » était dominé par ce qu’on appelait des « mixte », où on ne savait pas si on épargnait pour sa vie ou pour son décès, avec des frais exorbitants (les précomptes de commissions). Aujourd’hui, on verse quand on peut, et un procède à des retraits quand on veut. Ce sont des économies pour faire face aux aléas de la vie: la santé, l’éducation… Cela permet de compléter de faibles pensions de retraite, ou de transmettre son épargne à ses proches en totale franchise de droits.

N. O. – Comment ça marche ?

G. Bekerman.– Très simplement. Vous déposez par exemple 1 000 euros sur un contrat. Vous pouvez librement répartir cette somme entre ce qu’on appelle le fonds garanti, sans risque (dans ce cas vous payez des frais sur verse-ment de 2%), et un support en unités de compte, qui n’offre pas de garantie (dont les frais sont limités à 1%). Votre argent est disponible à tout moment. Mais, si vous « sortez » ayant 4 ans, les intérêts reçus sont taxés à 35% ; entre 4 ans et Sans, le taux est de 15% ; et au-delà de 8 ans, le taux est limité à 7,5% (plus, dans tous les cas, les contributions sociales). La transmission du capital décès, au titre d’un contrat d’assurance vie, reste soumise à un dispositif fiscal également avantageux dans la majorité des cas.

N. O. – Comment choisir son contrat ?

G. Bekerman. – Il faut se méfier des compagnies qui annoncent des frais d’entrée à 0%, car les frais de gestion annuels peuvent rogner largement cet avantage. A l’Afer, les frais de gestion annuels sont de 0,475%, parmi les meilleurs du marché. Nous recommandons de choisir un contrat qui garantit une parfaite transparence et sur les frais d’entrée et sur les frais de gestion surtout si ces taux figurent parmi les plus petits du marché.

N. O. – Mais l’assurance-vie est de nouveau dans le collimateur de Bercy.

G. Bekerman. – Oui, et c’est regrettable. L’assurance-vie ne « coûte » pas 1 milliard de « dépense fiscale », comme le dit Bercy, elle en rapporte beaucoup plus. Il ne faut pas y toucher: c’est une épargne citoyenne, populaire, productive, qui finance l’économie et les dettes publiques. Cessons de remettre en question les règles du jeu en Cotes de route. L’épargne, pour ceux qui ont la chance d’en avoir appartient aux épargnants…

(*) L’Afer (740 000 adhérents et 46 milliards d’euros d’épargne gérée) est une association consumériste, spécialiste en matière d’épargne et de retraite.

Interview réalisée le 31/03/11 par D.N pour Le Nouvel Obs